Fichier 1 Fichier 1 Fichier 3 Fichier 1 background-headerFichier 1 Fichier 1 Fichier 1 background-headerFichier 2 Fichier 3 Fichier 4 Fichier 5 Fichier 10 Fichier 14 Fichier 15 Fichier 16 Fichier 17 Fichier 12 Fichier 11 Fichier 12 Fichier 13 Fichier 16 Fichier 17 Fichier 18 Fichier 14 background-headerFichier 15 LOGO5

Carnet de route

< Retour

La première victoire

Strasbourg

« Pour inaugurer ce carnet de route, commençons par le commencement. Le point de départ des aventures de Polar Kid se trouve ici, à l’hôpital. C’est ici que l’on m’a annoncé, il y a 5 ans, presque jour pour jour, que la sclérose en plaques avait envahi le monde que j’habite, ma tête, mon corps, mon cœur. Et que je ne volerais plus.

C’est ici que je viens, chaque mois, m’asseoir dans un fauteuil, offrir mon bras à une aiguille et attendre que la perfusion qui ralentit la maladie fasse son chemin dans mes veines. Pendant ce temps-là, je compte les minutes qui s’égrènent comme autant de coups à rendre au destin.

La sclérose en plaques, c’est le diable qui nous impose soudain de danser avec un boulet à chaque pied.

Et on ne connaît évidemment jamais les pas dans lesquels sa musique veut nous entraîner. Le moindre effort nous coûte tellement. Il y a peu, les parents d’un jeune homme en fauteuil depuis l’enfance m’ont interpellé dans la rue pour m’expliquer que j’étais le héros de leur fils. Quelle claque. Nous nous sommes rencontrés. J’ai vu le vrai visage de l’héroïsme : sa foi, ses encouragements et sa bonne humeur dans l’épreuve. Si je dois être un héros, il faut que je sois comme toi, mon ami.

Merci pour la leçon, merci pour tes compliments. Dans la maladie, réussir à s’aimer soi-même est la première victoire. Je pars fort de ça.

Un héros ? Moi, je me bats simplement contre une condamnation injuste et que l’on me dit sans appel.

Des héros, il y en a plein. Des femmes et des hommes qui, malgré la maladie, ne lâchent rien. Vont faire leurs courses. Accompagnent leurs enfants à l’école. Continuent à donner un cap à leur vie, coûte que coûte. Taisent leur douleur en présence de ceux qu’ils aiment et vivent seuls, dans leur for intérieur, une maladie que la plupart des gens autour d’eux ne comprennent pas. Imaginez une fatigue immense. Une douleur constante. Imaginez-vous que chaque réveil soit un défi. Rassembler ses forces. Agripper sa canne et se mettre sur ses jambes. Trouver une raison d’avancer. Avoir 100 ans à 40. Et garder un cœur battant.

Mes héros sont ici, dans cette salle commune d’un hôpital de jour. Ils ont 20 ou 60 ans. Ils ne se résignent pas. Qu’ils soient malades, infirmières, médecins… 

Mes héros ont 7 ans, ils regardent l’avenir par la fenêtre, l’embrassent d’un regard immense et sont prêts à l’attraper à pleines mains.

Mes héros ont traversé les Andes à bord de coucous rudimentaires, aéroportés uniquement par la soif d’horizons et le sens du devoir.

Mes héros ne comprennent pas que l’on se résigne à vivre dans un monde malade. Que l’on réduise par soucis d’économie les fonds alloués à la recherche médicale. Que l’on cautionne en silence la plus grande extinction d’espèces vivantes, dont l’homme. En attendant que ça passe.

Ça ne passera pas.

Mes héros, écoliers ou cosmonautes, sont combatifs et généreux.

Mes héros vivent en moi et ils ont désormais dans leur armée pacifique un avion prêt à voler en leur nom. Votre avion. Mon avion. Polar Kid. »

 

Maintenant il s’agit de le faire voler, l’oiseau.